À Bilbao, la plus grande rétrospective consacrée à Basterretxea

Le musée des Beaux Arts de Bilbao a inauguré ce lundi une exposition rétrospective avec 240 œuvres de Nestor Basterretxea, la plus grande jamais organisée. Une exposition qui invite à découvrir les multiples facettes de l'une des figures emblématiques de l'avant-garde artistique basque, qui a fortement contribué au renouvellement de la sculpture basque.

Sculpteur et peintre, mais aussi cinéaste et photographe passionné par le dessin industriel, Nestor Basterretxea (Bermeo, 1924) est un créateur inclassable qui s'intéresse aussi à l'architecture et à la poésie. Il fonde en 1966, avec Oteiza, Chillida, Mendiburu, Ruiz Balerdi, Zumeta, Amable Arias et Sistiaga le Grupo Gaur qui servira d'inspiration à une multitude d'artistes qui ont donné au Pays Basque un rôle particulièrement innovant en matière de sculptures en métal, pierre ou bois.

L'oeuvre de Nestor Basterretxea est profondément enracinée dans l'histoire du Pays Basque, et délibérément ouverte sur le monde contemporain. Elle s'inscrit dans cette volonté commune de faire cohabiter la création artistique d'aujourd'hui avec la tradition culturelle des siècles passés.

Parmi les créations qui ont marqué la carrière de Nestor Basterretxea figurent les peintures murales de la crypte de la basilique du sanctuaire d'Arantzazu, ses sculptures publiques qui se retrouvent un peu partout au Pays Basque, et sa "Série Cosmogonique Basque", des sculptures taillées dans le chêne qui ont été données au musée des Beaux Arts de Bilbao et qui se trouvent à la base de l'exposition.

""Cosmogonie Basque", série de sculptures des années 1970 composée d'une galerie de divinités mythologiques taillées dans le chêne, et qui révèle une approche esthétique du monde préhistorique, rapporte les correspondances obscures et magiques entre le monde originel basque et le cosmos. Obstination nostalgique et paradoxale, car elle imbrique une tension dialectique entre le primitif et le moderne, entre l'imaginaire et le réel," selon le critique d'art Fernando Golvano.

Parmi les œuvres exposées, se trouve également la série de sculptures "Meridiano" (méridien). Dans son livre Quousque tandem, essai d'interprétation esthétique de l'âme basque, le sculpteur Jorge Oteiza disait que le Meridiano de Basterretxea représente "l'image la plus exacte du style basque", une image qui lui rappelait le rythme de la txalaparta et l'"extraordinaire définition du style basque" que le poète flamand Émile Verhaeren et le peintre Darío de Regoyos avaient faite dans l'España negra: "Là, une flûte à bec et un tambour long comme un tuyau d'orgue, attaquent un air d'une mesure claudicante qui s'emboîte et se déboîte sans cesse. Les deux instruments semblent se prendre de querelle, se siffler et se battre, sans toutefois se brouiller tout à fait. Et c'est en l'honneur de leur dispute que se danse l'aurresku", écrivait Émile Verhaeren.

Les visiteurs de l'exposition auront aussi le plaisir de découvrir les autres facettes de Basterretxea, comme ses œuvres cinématographiques, ses dessins industriels, ses projets architecturaux, etc. L'exposition reste ouverte jusqu'au 19 mai.