Quand l'origine de la marque territoriale Pays Basque n'est pas basque

Aucune des structures membres du collectif Kalitaldeak ne participera au lancement de la "marque territoriale Pays Basque", a annoncé le collectif ce jeudi dans une lettre ouverte adressée au président de la CCI Bayonne Pays Basque, aux présidents du Conseil de développement et du Conseil des élus et au Conseil Général des Pyrénées Atlantiques.

Le syndicat ELB, Euskal Herriko Laborantza Ganbara, l’association BLE, la fédération Arrapitz, le syndicat de l’AOC du piment d’Espelette, l'association des producteurs fermiers du Pays Basque Idoki, et Xapata regrettent que "la future marque ne parie pas pour l'avenir du Pays Basque" et qu'elle ne garantit pas suffisamment le lien au territoire et la qualité des produits qui l'endosseront.

"Nous sommes très attachées au fait que des initiatives comme la marque territoriale soient bénéfiques au dynamisme rural, ou en tout cas ne lui nuisent pas. Or, ce qui est aujourd'hui prévu pour la marque nous laisse sceptiques, voire inquiets," écrivent-ils dans la lettre, en se demandant: "Quel sens aura une marque mettant en avant le Pays Basque, son image et ses "valeurs", si les produits ou les entreprises dont elle fait la promotion utilisent du porc breton, du lait aveyronnais, de la vache allemande? Où est la notion de solidarité territoriale?".

Après avoir participé aux débats et groupes de travail organisés ces dernières années pour lancer cette "marque territoriale", le collectif Kalitaldeak s'était déjà retiré du projet l'an dernier en constatant que leurs propositions n'avaient pas été prises en compte.

Ils souhaitent que les produits fabriqués en Pays Basque soient mieux "protégés des nombreux usurpateurs d'image" et appellent à adopter des démarches sous signes officiels de qualité, telles les Appellations d'Origine, qui "réussissent à développer les productions locales". D'autant plus que "les acteurs de la filière sont prêts à s'investir dans cette perspective", soulignent-ils, en citant les exemples du blé panifiable du Pays Basque et de la viande bovine "née, élevée et abattue au Pays Basque".

"Seules des logiques de solidarité et des initiatives qui se démarquent de l'agriculture industrielle, permettront de pérenniser notre tissu rural basque" et de faire en sorte que les paysans basques puissent vivre de leur métier.

Kalitaldeak regrette que le Conseil de Développement, la CCI et le Conseil Général ne prennent pas conscience des enjeux liés à ces problématiques. "On nous a souvent signifié partager notre analyse mais au lieu de préférer investir sur le long terme et la durabilité, force est de constater que le choix est donné au profit de court terme, dont le défaut est qu'il sera à coup sûr de court terme," estime le collectif.