Fraude à la viande de cheval : Spanghero au coeur de la tourmente

La société Spanghero, appartenant à la coopérative basque Lur Berri, se trouve plongée en plein coeur du scandale de la viande de cheval. La société a fourni de la viande à Comigel, fournisseur de Findus, dont des lasagnes censées être au boeuf contenaient jusqu'à 100% de viande de cheval.

Les agents de la répression des fraudes ont lancé lundi des inspections dans les locaux de Comigel et Spanghero afin d'évaluer leurs responsabilités dans l'affaire.

Barthélemy Aguerre, président de Spanghéro et premier vice-président de Lur Berri, s'est dit victime d'une escroquerie et plaide la bonne fois. "Nous avons acheté de la viande de boeuf sur le marché européen et nous l'avons revendue" sans vérifier l'origine de la viande congelée a-t-il dit.

Sur son site Internet, la société Spanghero assure qu'"elle n'a pas d'activité à base de produit d'origine équidé" et qu'"aucune transformation n'a été faite sur les produits vendus à son client" Tavola (Groupe Comigel).

Le président de Spanghero a annoncé qu'il va porter plainte contre ses fournisseurs, alors que les inquiètudes étaient grandes chez les adhérents de la coopérative basque Lur Berri. Findus, lui aussi, s'est dit "trompé" et a également annoncé une plainte contre X.

Sur son compte Twitter, le Journal du Pays Basque rappelle que Barthélemy Aguerre est aussi président d'Arcadie, mise en examen pour tromperie aggravée.

Selon les premiers éléments de l'enquête menée par les autorités françaises, la viande en cause, d'origine roumaine, aurait été acquise d'abord par un trader néerlandais, avant d'arriver chez un fournisseur chypriote et chez Spanghero et d'être redirigée vers Comigel et Findus.

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a reconnu que la complexité de ces circuits et "ce système de jeux de trading entre grossistes à l'échelle européenne" entraînent une "perte de capacité à maîtriser la traçabilité".

"Il faut sortir de ce brouillard, parce qu'on pourra toujours revendiquer une traçabilité, fixer des règles où chacun est responsable de l'application de la règle, mais si le système est à ce point brouillé, si le brouillard est tellement épais que plus personne ne s'y retrouve, on finira par avoir de gros problèmes," a-t-il estimé ce lundi dans la matinale de RTL.

Stéphane Le Foll : "A force d'intermédiaires... par rtl-fr

Pour François Bayrou, l'affaire des produits Findus contenant de la viande de cheval "n'est pas un scandale alimentaire, mais une escroquerie". "On s'aperçoit des limites d'un modèle où la recherche du bénéfice maximum et du prix le plus bas possible, passe avant celle de la qualité", a estimé le président du Mouvement démocrate.

Pour José Bové, il s'agit bel et bien d'une fraude à grande échelle. Il a demandé l'ouverture d'une enquête européenne sur la fraude à la viande de cheval, et estimé qu'elle pouvait s'expliquer par l'effondrement du cours de cette viande en Roumanie et le choix d'une alimentation à bas prix, selon Le Parisien.

Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), a dit de son côté que l'industrie alimentaire européenne ne souffrait pas d'une mauvaise traçabilité mais uniquement d'un "problème de tromperie".

"Nous ne sommes pas responsables d'une fraude d'un de nos fournisseurs", a-t-il déclaré sur les ondes d'Europe 1. "En tant qu'industriels, nous recevons des produits d'un fournisseur qui nous remet un certificat qui certifie que c'est de la viande de bœuf. En l'occurrence, Findus, qu'on cite le plus, a reçu de la viande avec un certificat qui lui indiquait que c'était de la viande de bœuf. Donc nous avons un problème de tromperie, il ne faut pas mélanger les problèmes avec le contrôle de la filière qui reste le meilleur du monde. Nous avons 200 fois moins d'incidents qualité pour 100 millions d'habitants en Europe qu'aux Etats-Unis."

Buisson : "Nous ne sommes pas responsables des... par Europe1fr

Selon The Guardian, citant le ministre de l'environnement Owen Paterson, la viande de cheval incriminée montrerait des taux de phénylbutazone dangereux pour la santé humaine.

En Pays Basque sud, l'Organisation espagnole des consommateurs OCU avait retrouvé de la viande de cheval dans des hamburgers de la chaîne Eroski, une enseigne basque du secteur de la grande distribution, dénonçant une fraude à l'étiquetage. Un laboratoire indépendant, chargé par Eroski d'enquêter sur ces allégations de fraude, a démenti la présence de viande de cheval dans les hamburgers d'Eroski.