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Transport ferroviaire

"A Bayonne et Hendaye, on tue le rail pour nourrir le camion"

Rédaction

30/05/2012

La nouvelle suppression de 17 postes aux plateformes basques confirmerait selon la CGT Cheminots une offre volontairement déséquilibrée du report modal train-camion.

A Bayonne et Hendaye, on tue le rail pour nourrir le camion, selon la CGT Cheminots

Les deux délégués CGT Cheminots de Bayonne et Hendaye n'ont pas décoléré ce mercredi matin en conférence de presse face à la nouvelle annonce de suppression de postes (17 sur un total de 120 personnes) sur les plateformes de fret basques, qui vient se rajouter aux 46 dégraissements déjà effectués en 2010, et qui pourrait être suivi d'un "deuxième coup de lame" au second semestre 2012, ont prévenu Peio Dufau et Jérôme Teillary.

La justification de cet affaiblissement des effectifs trouve son origine dans un énième plan drastique de resserrement des effectifs au plan national, avec l'annonce en décembre dernier en Comité Central d'Entreprise d'une suppression de 1.400 postes sur les 9.980 existants dans l'Hexagone (14% des effectifs).

Tout autant que l'incertitude sur le reclassement "en interne" de ces 17 agents (un poste d'encadrement et 16 postes d'exécution) est pointée une logique sans équivoque de "tuer le rail pour nourrir le camion".

Depuis son rachat en 2007 du groupe Geodis, leader européen du transport routier, la SNCF accentuerait le déséquilibre de l'offre de report modal en fermant peu à peu des portions de fret ferroviaire estimées "pas assez rentables" pour le satisfaire par la suite par une solution sur le bitume.

"C'est une hémorragie qui est inscrite sans équivoque possible dans la feuille de route nationale de la SNCF", a présenté Peio Dufau, en rappelant l'absence de volonté du groupe national de remédier à un constat édifiant : au poste frontière franco-espagnol de Biriatou, il passe autant de camions par semaine que de wagons de fret en une année, sans qu'aucun acteur politique local ne s'attaque ne serait-ce qu'aux conséquences environnementales qui en découlent.

Légèrement déficitaire en 2000 (50 millions d'euros), le fret connaît donc une plongée aux enfers en 2011 avec un déficit record de 900 millions d'euros, "en particulier par la restriction systématique d'une véritable offre aux acteurs économiques", a complété Jérôme Teillary, en énumérant l'abandon progressif des services fret vers les Landes ou le Pays Basque intérieur.

Avec un report modal camion-train inférieur à 10%, la France est le mauvais élève européen d'une zone économique qui, en Allemagne (25%) ou en Europe de l'Est (40%), a fait du fret ferroviaire la colonne vertébrale de ses transports.

"Aujourd'hui, la facture publique indirecte liée à l'entretien des structures de transit ou aux frais d'accidentologie sont de l'ordre de 17 euros par km pour 1.000 tonnes en train, contre 78 euros pour le camion", ajoutent-ils, un coût que la collectivité publique doit assumer sans aucune répercussion sur les transporteurs routiers.

L'abandon progressif des dispositifs financiers contraignants, de la "taxe routière obligatoire" dans les années 80 à la taxe carbone morte-née en 2008, porte un déséquilibre sur lesquels les élus doivent se positionner concrètement, ont-ils estimé.

Localement, des éléments de réponse seront les bienvenus lors de la réunion publique qui se tiendra ce samedi 2 juin de 10h à 13h sur le thème "Le train plus utile que jamais", une invitation pour laquelle l'UMP, le Modem et Adour Par Coeur n'ont pas manifesté leur intérêt.

Nationalement, l'octroi d'une aide financière du groupe pétrolier Total de 1 million d'euros aux 3 principaux candidats des présidentielles 2007 montre que la prise de conscience des citoyens doit intégrer certains éléments bien moins démocratiques.