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Contamination radioactive

Fertiladour : l'Aquitaine presse l'Etat et le groupe Roullier

Rédaction

eitb.com

19/12/2011

L'application du principe pollueur-payeur et une étude épidémiologique de l'impact de sa pollution radioactive : vote unanime du Conseil Régional pour que le site du Boucau ne reste pas en déshérence.

Principe pollueur payeur et étude épidémiologique demandés au groupe Roullier pour Fertiladour EITB

Ce lundi 19 décembre, le Conseil Régional d’Aquitaine, réuni en Assemblée Plénière, a voté à l'unanimité la motion proposée par Europe Ecologie Les Verts, le Parti Socialiste, le Front de Gauche et le Parti Radical de Gauche, visant à accélérer le traitement de la problématique environnementale, mais également sanitaire, liée aux 8 hectares de l'ancienne usine Fertiladour du Boucau (Port de Bayonne), frappée depuis le 11 novembre dernier d'un avis très défavorable de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

Après avoir espéré pouvoir ensevelir la contamination radioactive de ses sols tout autant que ses obligations vis à vis de la protection due aux salariés et aux riverains, le groupe Roullier est face à un dilemme qu'il estimait encore pouvoir laisser traîner sans se hâter.

Re-proposer pour 6 millions d'euros ces terrains à la vente au Conseil Régional, qui a souhaité rappeler "son attachement au développement économique et durable du port de Bayonne", impose que la dépollution des sols soit menée avec bien plus d'insistance, le rapport de l'ASN exigeant que soit étudiée en profondeur la contamination réelle de terres excavées superficiellement en 2002 puis recouvertes de graviers en avril 2009.

Une attitude qui n'aura pas convaincu l'ASN, ni, avant cela, le laboratoire indépendant ACRO, de Caen : missionné par le Conseil Régional en juin 2009, ses conclusions étaient des plus pessimistes sur la réalité de la "réhabilitation" de ce site, quand, d'après leurs calculs, une véritable dépollution engagerait un coût réel supérieur à 20 millions d'euros.

Lundi, le Conseil Régional a exclu l'autre "possibilité" caressée par l'industriel, via sa filiale Agriva, à savoir abandonner toute obligation sur ce site, laissé sans aucun traitement.

Rappelant fermement qu’aucune suite favorable à l'acquisition de ce terrain ne serait donnée "tant que ce site ne sera pas dépollué", l'Aquitaine demande aux services de l’Etat, et donc au préfet, seul détenteur d'un pouvoir de police, "de tout mettre en œuvre pour que ce site soit dépollué" et "souhaite voir appliquer dans les faits le principe de pollueur-payeur afin d’éviter que ce terrain demeure une friche industrielle en déshérence".

Au-delà de tout projet de reconversion industrielle, cette exigence repose "d’abord sur des raisons évidentes de santé et de salubrité publique", porte le vote unanime de lundi soir.

Relayant également une demande formulée avec insistance par le Comité de Soutien aux victimes de Fertiladour, portée une première fois (sans succès) par Europe Ecologie les Verts devant l'exécutif, le vote a aussi intégré la volonté que l'Etat se penche rapidement sur une étude épidémiologique, "en saisissant par exemple l’Institut National de Veille Sanitaire, afin de mesurer l’impact de l’activité du site Agriva-Fertiladour", précise le vote.

Président du Comité de Soutien, Jean Yves Deyris a exprimé sa satisfaction que soit instauré un véritable lien désormais entre les élus de la Région et le travail associatif local, saluant ainsi le chemin fait en trois ans.

En juin 2009 était votée une contre-étude sur le dossier, son exécution par l'ACRO en juillet 2010 provoquant un premier coup de frein de la Région ; puis, en novembre 2011, ces conclusions de l'ASN ouvrant la voie à des exigences plus fermes vis à vis de l'industriel dans ses obligations de pollueur, mais également, en tant qu'employeur, dans ses responsabilités vis à vis de ses anciens salariés.

En conclusion, ce lundi, le Conseil Régional a également demandé de la part des services de l’Etat et de l'industriel "une transparence de l’information exemplaire".