Le jésuite argentin Bergoglio devient le pape François

Le jésuite Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, a été élu mercredi à la tête de l'Église catholique. Le 266e pape de la chrétienté a choisi le nom de François, en hommage à Saint-François d'Assise, exemple de vie modeste. Âgé de 76 ans, le successeur de Benoît XVI a été élu après cinq tours de scrutin.

Le nouveau pape s'est présenté au balcon central de la basilique Saint-Pierre une heure après l'apparition d'une fumée blanche, peu après 19h00, sur le toit de la chapelle Sixtine, signe de son élection.

"Comme vous le savez, la tâche du conclave est de donner un évêque à Rome. Il semble que mes frères cardinaux soient allés presque au bout du monde", a-t-il dit, s'adressant à la foule en italien, avant de donner sa première bénédiction à "tous les hommes et les femmes de bonne volonté".

Le pape François est le premier pape sud-américain et le premier jésuite de l'histoire à accéder au trône de Saint-Pierre. La messe inaugurale du nouveau pape aura lieu mardi.

Le pape François se retrouve à la tête d'une église confrontée à de grandes difficultés, des luttes d'influence au sein de la Curie aux scandales persistants de moeurs et de pédophilie, en passant par la sécularisation massive dans les pays de tradition chrétienne.

Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio a la réputation d'être un homme modeste, timide et à la parole rare, qui vivait jusqu'à présent sans ostentation dans un petit appartement de la banlieue de Buenos Aires, ayant renoncé à occuper la somptueuse résidence des archevêques.

Fils d'émigrés italiens, il a fait des études de technicien en chimie. À 22 ans, il intègre la Compagnie de Jésus, l'ordre religieux fondé par le Basque Ignace de Loyola. Il a été ordonné prêtre en 1969. évêque en 1992, et cardinal en 2001.

Pendant la dictature militaire en Argentine (1976-1983), il ne s'est pas seulement battu, en tant que provincial de la Compagnie de Jésus, pour maintenir la non-politisation de la Compagnie de Jésus et freiner la "théologie de la libération", mais s'est retrouvé aussi dans un scandale: Bergoglio aurait dénoncé deux prêtres, Orlando Yorio et Francisco Jalics, aux autorités militaires. Cette facette obscure de sa vie a fait l'objet d'une enquête par le journaliste Horacio Verbitsky, président du Centre d'Etudes Légales et Sociales (CELS), une ONG qui lutte pour la défense des droits de l'homme.

En Argentine, il s'est élevé contre la loi légalisant le mariage homosexuel et contre le droit octroyé aux transsexuels de changer de sexe à l'état civil. En septembre dernier, il a critiqué les prêtres refusant de baptiser les enfants nés hors mariage, les qualifiant d'"hypocrites".