Xavier Darcos paie les pots cassés des régionales

Au lendemain de la défaite de la droite aux régionales, Nicolas Sarkozy a procédé lundi à un léger remaniement du gouvernement. Principal changement: le départ de Xavier Darcos du ministère du Travail où le remplace Eric Woerth. Martin Hirsch quitte aussi, à sa demande, ses fonctions, tandis que trois nouveaux ministres, représentants différentes sensibilités de l''UMP, font leur entrée.

Le chiraquien François Baroin accède au Budget; Marc-Philippe Daubresse, centriste de l''UMP, est nommé à la Jeunesse, et le villepiniste Georges Tron devient secrétaire d''Etat à la Fonction publique.

Comme attendu, Xavier Darcos est écarté du gouvernement. Le ministre du Travail paye le prix de sa lourde défaite dimanche en Aquitaine: sa liste n''a obtenu que 28,01% (contre 56,34% pour son adversaire PS), soit le plus mauvais score parmi les membres du gouvernement candidats aux régionales.

Désormais, Eric Woerth sera en charge du ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique. Un poste stratégique à l''approche de la réforme des retraites, prochain gros dossier qui arrivera sur son bureau dès le mois d''avril, à l''occasion de la remise du prochain rapport du Conseil d''orientation des retraites (COR), avant des concertations avec les partenaires sociaux.

Du côté des nouveaux arrivants, le chef de l''Etat a appliqué la formule de l''"ouverture" au sein même de l''UMP, dans une tentative manifeste pour apaiser la grogne qui commence à pointer parmi les parlementaires UMP, remontés par l''échec aux élections régionales.

C''est ainsi un chiraquien, François Baroin, qui succède à M. Woerth au Budget. Le député villepiniste Georges Tron est nommé secrétaire d''Etat en charge de la Fonction publique. Enfin, Marc-Philippe Daubresse devient ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, reprenant les fonctions assurées jusque-là par Martin Hirsch en tant que Haut commissaire.

Quant à M. Hirsch, qui était l''une des principales figures de l''ouverture à gauche au sein du gouvernement, il va devenir président de l''Agence du service civique.

Une mesure "cosmétique" selon le PS

Le Parti socialiste a dénoncé lundi soir une mesure "cosmétique" ne pouvant à elle seule "répondre aux attentes des Français" exprimées dans les urnes. "Au lendemain d''une défaite historique de la droite aux élections régionales, ce n''est pas un simple remaniement du gouvernement qui permettra de répondre aux attentes des Français", souligne Harlem Désir, secrétaire national du PS chargé de la coordination.

"Le président de la République lance une opération d''enfumage", estime de son côté Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes et du Parti de gauche, dans un communiqué.

Commentant l''arrivée d''Eric Woerth au ministère du Travail, Gérard Aschieri a estimé qu''"en matière de dialogue social, il n''écoute pas beaucoup". "Il utilise le dialogue social quand ça correspond à son projet ou lorsqu''il y est contraint", a critiqué l''ancien secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU, premier syndicat de la Fonction publique d''Etat), de 2001 au 5 février dernier, interrogé par l''AP peu avant l''annonce officielle du remaniement. M. Aschieri interprète ce changement de portefeuille comme "un signe de la volonté d''aller loin dans la réforme des retraites, d''aller loin dans la remise en cause des garanties".