Affaire Bettencourt
Soulagé, Eric Woerth réfléchit à l'abandon de son poste de trésorier
Rédaction
12/07/2010
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a indiqué lundi ne pas se satisfaire du rapport de l'IGF, estimant qu'il revenait à la justice de faire ce travail avec un juge indépendant.
Le ministre du Travail Eric Woerth s''est dit lundi matin "énormément soulagé", au lendemain de la publication du rapport de l''Inspection générale des finances (IGF) selon lequel il "n''est pas intervenu" dans ses précédentes fonctions de ministre du Budget dans le dossier fiscal de la milliardaire Liliane Bettencourt. Pour la première fois, M. Woerth n''a pas exclu par ailleurs l''hypothèse d''une démission de son poste de trésorier de l''UMP.
"Je suis énormément soulagé. Enfin, on me croit, quelqu''un dit ce qu''est la vérité", a-t-il dit, jugeant "scandaleux" de douter de l''objectivité du rapport. "Si le rapport de l''IGF avait dit le contraire, on aurait dit qu''il est tout à fait indépendant. C''est une sorte d''instruction médiatico-politique qui est systématiquement à charge", a-t-il déploré.
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a indiqué lundi ne pas se satisfaire du rapport de l''IGF, estimant qu''il revenait à la justice de faire ce travail avec un juge indépendant. L''Inspection générale des Finances est "un organisme respectable", toutefois, "ce n''est pas à l''administration fiscale" de faire "la clarté dans cette affaire" mais à "la justice", a déclaré M. Hamon sur i-TELE, en citant les enquêtes préliminaires qui ont été ordonnées.
Pour la première fois, par ailleurs, Eric Woerth n''a pas exclu l''hypothèse d''une démission de son poste de trésorier de l''UMP, que l''opposition juge incompatible avec sa fonction de ministre du Travail, le PS dénonçant notamment un "mélange des genres".
"Je verrai. On va y réfléchir", a déclaré M. Woerth. "Je vais y réfléchir. J''avais besoin de ce rapport de l''Inspection des finances, j''avais besoin d''attendre ses conclusions", qui sont "sans ambiguité à mon égard", a-t-il souligné.
Le ministre du Travail, au centre de la polémique depuis trois semaines, est soupçonné de conflit d''intérêts. Son épouse Florence a travaillé pour Clymène, la holding qui gère les actifs de l''héritière de L''Oréal. En outre, l''ancienne comptable de Liliane Bettencourt affirme qu''il a reçu, en tant que trésorier de l''UMP, 150.000 euros en liquide pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Face à un flot continu de révélations pas toutes confirmées dans la presse, l''actuel ministre du Budget François Baroin a saisi l''IGF le 1er juillet dernier. La mission consistait à établir si Eric Woerth avait joué un quelconque rôle dans le traitement donné à la situation fiscale de Liliane Bettencourt, de Patrice de Maistre, directeur de Clymène, de l''écrivain-photographe François-Marie Banier ou des holdings Téthys et Clymène.
La fille de la milliardaire, Françoise Meyers-Bettencourt, a intenté un procès au photographe, proche ami de sa mère, qu''elle accuse d''abus de faiblesse. Téthys est la holding qui gère les actifs familiaux des Bettencourt et sa filiale Clymène s''occupe plus particulièrement de ceux de Liliane Bettencourt.
Dans son rapport, diffusé à la veille de l''intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, l''IGF assure que M. Woerth, "durant la période où il était ministre du Budget, n''est pas intervenu auprès des services placés sous son autorité pour demander, empêcher ou orienter une décision ou un contrôle portant sur Mme Bettencourt, MM. Banier et de Maistre, ainsi que sur les sociétés Téthys et Clymène".