Entretien France 2
Sarkozy défend à la fois Woerth et son programme
Rédaction
12/07/2010
Comme attendu, Nicolas Sarkozy a défendu vigoureusement Eric Woerth. Sans faire d'annonces, il a passé en revue les axes majeurs de sa politique, à commencer par la réforme des retraites.
Nicolas Sarkozy a dit lundi "souhaiter" que le ministre du Travail Eric Woerth abandonne ses fonctions de trésorier de l''UMP, tout en lui réaffirmant son soutien dans le cadre de l''affaire Bettencourt.
"Je lui ai dit que je souhaitais qu''il se consacre exclusivement à la réforme des retraites", a déclaré le chef de l''Etat lundi soir sur France-2. "Mon conseil, c''est plutôt qu''il abandonne cette responsabilité" de trésorier de l''UMP, qu''il occupe depuis 2002, a-t-il indiqué.
En outre, interrogé sur l''affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy a annoncé qu''il allait demander à une "commission" représentant toutes les familles politiques de réfléchir "dès la semaine prochaine à la façon dont on doit ou non compléter ou modifier la loi", en vue d''éviter à l''avenir tout risque de conflit d''intérêts.
Le chef de l''Etat a réaffirmé son soutien au ministre du Travail. Faisant référence au rapport de l''Inspection générale des finances rendu public dimanche soir, le ministre du Travail "est donc lavé de tout soupçon", a déduit M. Sarkozy. "Il n''y a aucune raison que je prenne la décision de m''en séparer".
Retraites: Sarkozy assure que le gouvernement restera "à l''écoute" jusqu''à l''automne
Interrogé sur la question des retraites, Nicolas Sarkozy a assuré que le gouvernement restera "à l''écoute", y compris après la présentation du projet de loi prévue mardi matin en conseil des ministres.
"Tout l''été, on va travailler", a promis le chef de l''Etat sur France-2. "J''aurai des contacts avec les partenaires sociaux", a-t-il indiqué, ajoutant que le gouvernement sera aussi "à l''écoute du débat parlementaire" organisé à partir du 6 septembre.
"Je ne dis pas: c''est à prendre ou à laisser", a déclaré M. Sarkozy, laissant entendre que le texte pouvait encore évoluer sur certains points, tout en restant ferme sur le recul de l''âge légal de départ en retraite à 62 ans: "nous n''y toucherons pas", a-t-il répété. "Sur le reste, nous serons à l''écoute".
Sarkozy maintient les exonérations sur les emplois à domicile
Nicolas Sarkozy a également déclaré que les exonérations sur les emplois à domicile seraient épargnées par le programme d''économie sur les niches fiscales prévu au budget 2011, "sous réserve de quelques aménagements techniques".
"Nous n''avons pas encore décidé exactement" quelles niches fiscales feraient les frais de l''économie de 10%, soit 7 à 9 milliards d''euros, mais "certaines seront supprimées".
En revanche, "les exonérations sur les emplois à domicile, les services à la personne qui servent à tant de familles de classe moyenne les plus exposées, nous les garantirons sous réserve de quelques aménagements techniques sur le calcul des cotisations sociales", a-t-il dit, alors que ces exonérations avaient paru un temps menacées.
"D''une manière générale, il faut qu''on fasse un effort: la France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens", a réaffirmé le chef de l''Etat, préférant ne pas parler de "rigueur" mais de "rigoureux", car "le mot ''rigueur'' est connoté en France. "Ce qui ne me fait pas peur, c''est le mot ''rigoureux'': ça veut dire qu''on revient à l''équilibre. Je le ferai".
Il n''est toujours pas question pour autant d''augmenter les impôts. "Je m''y refuse totalement", a assuré le président.
Vantant par ailleurs la réduction du nombre de fonctionnaires payés par l''Etat grâce au non-remplacement d''un départ sur deux, M. Sarkozy a de nouveau suggéré que les collectivités territoriales en fassent autant. Celles-ci "continuent une politique d''augmentation du nombre de fonctionnaires (alors que) depuis que je suis président de la République, on ne leur a transféré aucune compétence", a-t-il affirmé, se demandant: "Qu''est-ce qui empêche les régions de France d''appliquer la même règle que l''Etat?".
Présidentielle
Enfin, le président a confirmé qu''il ne prendra pas la décision de se représenter ou non à la prochaine élection présidentielle avant "l''automne 2011".
La gauche se désole
Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France, a estimé que M. Sarkozy n''avait "pas répondu ce soir aux angoisses légitimes des Français qui sont confrontés à la crise. Alors que le chômage augmente, que les droits sociaux sont sacrifiés, que les jeunes sont stigmatisés, il a justifié sa politique économique et ses réformes injustes". Pour lui, le chef de l''Etat n''a fait que désigner des boucs-émissaires: les fonctionnaires, l''opposition, les collectivités territoriales.
"Le président s''égare! Selon lui l''affaire Bettencourt est le résultat d''un complot des adversaires de la réforme des retraites. Grotesque!", a estimé Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. Selon le chef du Parti de gauche, Nicolas Sarkozy "répète en boucle des formules et des tirades qui exaspèrent. On se dit qu''il parle parce qu''il ne peut pas se taire mais qu''il ne dit rien".