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Lignes à grande vitesse

LGV : les élus basques en ont assez d'être pris pour des jambons

Rédaction

eitb.com

02/12/2010

Une délégation d'élus du sud Pays Basque a annoncé une série d'actions communales ou devant la justice contre le projet de nouvelles lignes LGV, et réclament l'écoute respectueuse de leurs avis.

C''est au nom des 29 élus du Pays Basque nord opposés au projet de nouvelles lignes LGV de Bayonne à la frontière espagnole que le Maire de Biriatou, Michel Hiriart, aura sans doute résumé le mieux le sentiment d''irrespect que vouent les décideurs de ce projet européen d''infrastructures ferroviaires aux porteurs locaux d''écharpes tricolores.

"C''est vrai qu''au Pays Basque, on est bien braves et on veut bien leur faire un peu de place ici", a-t-il ironisé en conférence de presse ce jeudi matin, "mais alors qu''ils nous répondent quand on leur demande la justification, qu''elle soit environnementale, sociale ou économique, d''un tel projet qui va nous confisquer 4.000 hectares sur notre territoire !".

Que cela soit de la part de l''opérateur Réseau Ferré de France (RFF) ou de la Région Aquitaine, en locomotive du projet des nouvelles voies, ces élus n''ont vraiment pas le sentiment que leurs avis comptent au moment de rajouter une trouée supplémentaire dans un territoire déjà traversé par une autoroute, une ligne de chemin de fer et un gazoduc.

Dans cette perspective, 13 communes du Pays Basque nord (Communautés de communes Errobi, Sud Pays Basque et Nive Adour) se sont regroupées pour présenter devant le tribunal administratif un recours contre l''arrêté préfectoral du 27 octobre dernier qui a gelé pour une période de 2 à 10 ans un sillon de 1,5 km de large (sur 4.000 hectares) dans lequel ils devront obtenir de RFF la moindre autorisation de construction ou d''agrandissement de maisons individuelles.

"Nous le répétons depuis quelques années maintenant", a martelé le maire de St Pierre d''Irube Alain Iriart, "nous ne sommes pas contre le progrès ou le développement économique, mais il ne peut se faire sans un débat de fond sur les conséquences que ce projet de nouvelles voies va générer en Pays Basque nord".

Ainsi, si la phase des sondages géologiques ne peut être stoppée par les élus, ils ont annoncé "soutenir tous ceux qui s''y opposeront pour leurs propriétés privées".

Concernant le gel de toute zone constructible, c''est le cabinet d''avocat de Corinne Lepage, ancienne Ministre de l''Environnement, qui a été choisi pour contester la paralysie de leurs prérogatives habituelles d''élus de la République.

Et leur opposition, s''ils refusent de la considérer comme systématique, les amènera à faire leurs têtes de lard contre le PIG, entendez le Projet d''Intéret Général qui pourrait surdéterminer à l''avenir leurs positions publiques.

"Nous avons écrit au Préfet pour que RFF produise une étude objective et incontestable du bien fondé de ces nouvelles lignes", a expliqué Michel Hiriart, "et nous avons demandé à ce qu''y soient intégrées des personnes indépendantes afin de mener cette étude".

De son côté, Alain Iriart n''a pas caché la stratégie commune des élus, "tous les arrêtés attaquables seront attaqués, tant qu''on nous convaincra pas que les moyens de financer ce projet existent, que les 25 zones sensibles déterminées seront préservées ou que le processus de concertation avec les communes impactées existe réellement".

"La moindre des choses, c''est que l''on soit écouté quand on demande quels sont les coûts et les véritables objectifs de ces nouvelles lignes" a rajouté Paul Baudry, maire de Bassussary.

"Au lieu de faire des sondages d''opinion auprès de gens qui ne connaissent pas le projet, qu''ils nous apportent les éléments sur la réalité de l''enfouissement de ces lignes en Pays Basque", a-t-il conclu.

Cette "course de fond" contre le projet trouvera naturellement sa place dans la manifestation prévue le 11 décembre prochain à Bayonne en collaboration avec le collectif citoyen des opposants à la LGV, qui demandent eux aussi que soit examiné la modernisation des voies existantes, ce que leur refuse toujours RFF.