Aurore Martin fait de Tardets le centre politique du Pays Basque nord

Dans une lettre envoyée au Journal du Pays Basque, et publiée ce vendredi 21 janvier 2010, Aurore Martin, la militante basque qui vit en clandestinité depuis qu''elle a décidé de se soustraire depuis le 17 décembre dernier au mandat d''arrêt européen dont elle fait l''objet, crée une sensation certaine en Pays Basque nord en annonçant qu''elle acceptait "l''invitation de la liste EH Bai" (Batasuna, Eusko Alkartasuna et Abertzaleen Batasuna) à se présenter sur une liste de cette coalition des principaux partis autonomistes abertzale (patriotes, en langue basque), dans le canton de Tardets (Soule).

"J''ai été sollicitée par les militants du groupe Euskal Herria Bai du canton de Tardets pour être candidate aux élections cantonales de mars prochain", écrit-elle, "et c''est avec une certaine fierté, en tant que Xiberotar et militante abertzale de gauche, que j''ai reçu cette proposition. C''est avec un grand plaisir que j''ai accepté d''être suppléante dans ce canton et de défendre le projet d''EH Bai".

L''audace des abertzale, qui ont joué la carte du rassemblement mais également de la solidarité vis à vis de celle qui est poursuivie sur le sol français pour avoir mené un combat politique que n''approuve pas Madrid, a conduit à un coup de projecteur sans précédent sur le sort de la militante basque recherchée, mais également sur leur détermination à assumer un travail politique autonomiste qui ne trouve guère d''équivalent dans l''Hexagone ou en Europe.

Nommer une "fugitive" comme candidate à Tardets correspond pleinement au souhait d''Aurore Martin, qui a toujours revendiqué non pas "une fuite" mais un retrait de la scène politique publique lui permettant de continuer son combat politique pour la reconnaissance d''un Pays Basque indépendant.

"De l''endroit où je me trouve, je vais faire tout mon possible pour participer à cette campagne électorale, je lance un appel à tous les abertzale de gauche à s''y impliquer activement. Le Pays Basque a besoin d''un acte politique fort", rajoute-t-elle dans sa lettre.

Voici qui est donc chose faite, au vu du vif débat que son cas a permis d''ouvrir sur l''utilisation du mandat d''arrêt européen pour des motifs "politiques", à l''heure où les mouvements indépendantistes, en France comme en Espagne, affichent leur volonté de résoudre le "conflit basque" par les voies démocratiques.

Le 12 janvier dernier, près de 80 élus du Pays Basque nord, toutes familles politiques confondues, avaient affiché leurs soutiens à la jeune militante, en déclarant à la presse qu''Aurore Martin était hébergée chez eux, et qu''ils incitaient tous les citoyens basques à faire de même.