Cantonales - 2ème tour
Europe Ecologie et PS entre "tri sélectif" et "je t'aime moi non plus"
Ramuntxo Garbisu
eitb.com
22/03/2011
Au jeu du "je t'aime moi non plus" entre candidats écolos et élus de gauche, le report de votes pour le 2ème tour des cantonales est à priori simple, sauf que, en Pays Basque nord, tout se complique.
La photo de famille a fait très chic, dimanche soir après le 1er tour des cantonales, avec la réunion sur la même péniche des responsables du Parti Socialiste, d''Europe-Ecologie-Les Verts et du Front de Gauche, mais le choc n''était réservé qu''au seul parti du Front National, contre lequel Martine Aubry, Cécile Duflot et Pierre Laurent ont affiché une bien belle unité.
En dehors de ce cas de figure républicain, le mariage n''est pas pour aujourd''hui, même si la perspective des échéances présidentielles de 2012 obligera ces trois-là à se poser la question d''une vie commune, même tumultueuse.
Au Pays Basque nord, sur les 5 cantons concernés par un 2ème tour où les voix écologistes pourraient être à même d''influer dans un sens ou un autre le choix du conseiller général, l''absence de triangulaire possible n''empêche pas une réflexion sur le report de voix, entre 8% et 12,7% au premier tour.
D''une façon générale, les candidats d''Europe Ecologie les Verts n''appelleront pas à voter pour leurs alliés supposés du PS, "même si l''on souhaiterait que le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques bascule à gauche", confie Alice Leiciagueçahar, conseillère régionale écologiste d''Aquitaine.
En gros, "on ne vous dira pas pour qui voter, mais suivez notre regard".
Cela sera le cas pour le canton de Bayonne-Est où Marie Picard Félices n''offrira ses 10,2% de voix ni au PS (26,9% pour Marie-Christine Aragon) ni à l''UMP (Christine Lauqué, UMP, 25,8%), et pour Bayonne-Ouest où Daniel Hegoburu (10%) résistera à sa tentation de souligner une préférence personnelle entre les deux matadors du canton, François Gouffrant (Parti "rien à voir avec l''UMP" radical valoisien, 21,9%) n''y comptant pas plus que ça, et le socialiste Henri Etcheto (27,8%), qui attend plus un report des voix écolos de la part des électeurs que de l''appareil EELV.
A Biarritz-Ouest, le ténor local de l''UMP Max Brisson ne se pressera pas plus pour quémander une alliance, ses 34,5% lui semblant sans doute suffisants pour contrer le socialiste Guy Laffite, dont les 18,8% lorgnent sans plus d''espoirs vers les 9,2% du candidat écolo Philippe Etcheverry.
Sauf que cette stratégie des petits pas trouve sur les cantons d''Anglet et de Bayonne nord deux contre-exemples du message électoral écologiste constaté, dont on mesure l''emprunt fait à la philosophie des Shadoks.
(Christophe Martin, candidat socialiste arrivé en tête mais non soutenu "à priori" par Europe Ecologie)
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Sur Anglet nord, Georges Daubagna, crédité de 8% au premier tour, appelera à un report des voix pour le candidat socialiste Gérard Cazaux, au coude à coude avec son adversaire de l''UMP, Claude Olive, arrivé tout derrière lui pour quelques voix à avec 29,4 %.
La position souhaitée de ne pas officialiser un soutien au Parti Socialiste vivra donc une première exception, motivée par une opération très spielbergienne de "Il faut sauver la Gauche à Anglet", quand bien même ce soutien proviendra du candidat EELV ayant réalisé le plus faible score écolo dimanche soir.
Cela se complique (bien entendu) dans le cas du canton de Bayonne nord, où les électeurs au 2ème tour sont confrontés à un duel gauche/gauche, mettant face à face deux figures boucalaises, le socialiste Christophe Martin (28,1%) et la communiste Marie-José Espiaube (19,7%).
Deux adversaires aux cantonales qui sont (au moins officiellement) partenaires politiques à la Ville du Boucau, mais qui aimeraient bien s''assurer du report (au moins partiel) de quelques voix de la plus belle percée écolo locale, à savoir les 12,7% de Marie-Ange Thebaud, par ailleurs élue comme eux au même conseil municipal du Boucau, mais dans l''opposition.
Là où EELV s''est félicité de son plus beau score local dimanche soir, la candidate&' || 'nbsp;Marie-Ange Thebaud a communiqué par voie de presse ce mardi sa "confiance à son électorat pour apprécier si les programmes des candidats présents au second tour sont éco-compatibles notamment sur la LGV, l’agriculture bio, la politique linguistique, l’emploi et l’écologie sociale et solidaire".
Traduisez : pour EELV, quand on n''aime pas, on se contente de vous laisser deviner lequel on déteste le plus.
Le pacte de gouvernance valable au Conseil Régional d''Aquitaine du PS et d''EE-LV, quelque peu forcée, n''aura en rien motivé un rapprochement pour un strapontin au Conseil Général, quand les affinités (ou les animosités) semblent suffisantes pour établir la stratégie du parti au tournesol.
Au final, et si l''on tentait de résumer les intentions d''Europe Ecologie les Verts en 3 actes de tragi-comédie :- "les électeurs sont libres de leurs choix" partout où le vote écolo ne peut pas peser efficacement pour faire basculer le vote ;- "solidaire avec le PS" quand il faut sauver la Gauche qui vous a fait rentrer dans une gestion communale ;- "Chez EEELV, on ne rasera pas gratis" quand, de toute façon, on regarde un élu socialiste avec la même tendresse qu''un billot de bois observe l''arrivée d''une hache.
Cette stratégie est sans doute un peu confuse, plus probablement nourrie de ressentis personnels que de véritables stratégies politiques, mais que n''ont pas contrarié les états majors du Parti Socialiste et d''Europe Ecologie - Les Verts (dont il serait abusif d''écrire qu''ils ont fait de ces cantonales une affaire d''Etat).
Il en sera tout à fait autrement en 2012, mais à ce petit jeu du "Je t''aime, moi non plus" entre ces deux partis, les électeurs savent déjà qu''il leur faudra réfléchir à un "tri sélectif" de toutes les options pressenties.
Sur le site du PS, en attendant, ils pourront relire que Cécile Duflot et Martine Aubry appelent "toutes les forces de gauche, les écologistes, les démocrates et les républicains à se rassembler dans tous les départements, à se mobiliser et à s’unir pour battre la droite et l’extrême droite au deuxième tour de l’élection cantonale, derrière les candidats de gauche et écologistes arrivés en tête au premier tour"
Electeurs écolos, vous n''êtes pas obligé de comprendre la logique de tout ça, mais on vous demande expressément de ne pas oublier d''aller voter dimanche prochain.
Rideau.