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20 novembre

La campagne électorale espagnole vue du Pays Basque

Rédaction

05/11/2011

Même si le système électoral espagnol favorise la domination des grands partis, les élections du 20 novembre pourraient réserver quelques surprises.

Des affiches électorales en faveur de la coalition indépendantiste basque Amaiur. Photo: EFE

La campagne électorale en vue des législatives du 20 novembre a démarré cette semaine en Espagne. Une campagne marquée par la crise économique, mais aussi par la décision de l'ETA de renoncer définitivement à la lutte armée.

Les conservateurs du Parti populaire (PP) sont donnés favoris, alors que les socialistes du PSOE sont annoncés comme les grands perdants. Bien que le système électoral donne un immense avantage aux grands partis, la coalition indépendantiste basque Amaiur et le nouveau parti écologiste Equo pourraient réserver quelques surprises.

Pour le candidat de droite, Mariano Rajoy, chef du Parti populaire, et pour Alfredo Perez Rubalcaba, ancien numéro deux du gouvernement qui aura la lourde tâche de défendre les couleurs socialistes, l'emploi, voire le chômage, est la priorité, alors que 4,978 millions de personnes se trouvent au chômage, soit 21,52% de la population active.

Mais dans un camp comme dans l'autre la façon d'atteindre cet objectif reste floue.

Sous le slogan "ce dont l'Espagne a besoin", Mariano Rajoy plaide pour une remise en ordre des dépenses publiques, alors que l'Espagne tente de ramener son déficit de 9,3% du PIB en 2010 à 6% cette année.

Le candidat socialiste, M. Rubalcaba, se pose lui en défenseur des services publics essentiels, comme la santé et l'éducation, frappés par les coupes budgétaires décidées dans plusieurs régions gouvernées par la droite.

En deux semaines, tous deux tenteront de convaincre les 36 millions d'électeurs appelés à élire les députés et sénateurs.

Un système électoral qui favorise la domination des grands partis

Le parlement espagnol (Cortes Generales) est bicaméral. Il est composé d'une chambre basse, le Congrès des députés, et d'une chambre haute, le Sénat. Le Congrès des députés compte 350 membres élus tous les quatre ans au suffrage universel direct, et le Sénat compte 264 élus, dont 208 au suffrage universel direct majoritaire.

À cause d'un système électoral donnant un immense avantage aux grands partis, le PSOE et le PP se partageront la plupart des sièges au parlement, alors que les plus petits partis ne pourront espérer être représentés que dans les grandes circonscriptions (en 2008, par exemple, le Parti socialiste a obtenu 169 sièges avec 11 millions de voix alors que les communistes n'ont obtenu que deux sièges avec un million de voix).

Même si le système électoral favorise la domination des grands partis, les élections législatives du 20 novembre pourraient tout de même réserver quelques surprises, notamment de la part de deux nouveaux venus : Equo et Amaiur.

Equo et Amaiur, les nouveaux venus

Fondé en 2010 par l'ancien directeur de Greenpeace Espagne, le basque Juan Jopez de Uralde, Equo est le premier parti vert à l'échelle nationale en Espagne. Le thème de la dernière université d'été d'Equo, "de l'indignation à l'engagement", affiche clairement l'ambition d'incarner politiquement les revendications exprimées par les "indignés", le mouvement social qui dénonce la "dictature des marchés", la corruption politique et la crise économique. La fermeture des centrales nucléaires, l'emploi vert, la lutte contre les expulsions, l'approfondissement démocratique, sont quelques-uns des champs de bataille de Juan Lopez de Uralde.

Au Pays Basque, c'est la coalition indépendantiste Amaiur, formée par Aralar et les partis de la coalition Bildu, qui pourrait créer la surprise, en rééditant le score obtenu par la coalition Bildu aux dernières élections provinciales et municipales. Selon certains analystes, la victoire des indépendantistes pourrait être encore majeure après l'annonce de l'ETA d'abandonner sa lutte armée. Contrairement aux élections précédentes, aucune formation politique n'a été mise hors-la-loi.

Sondages

Selon un sondage réalisé par le CIS (un centre de recherche sociologique qui dépend du ministère espagnol), le Parti socialiste d'Euskadi obtiendrait 7 sièges à Madrid (contre 9 en 2008), le Parti populaire du Pays Basque 5 (3 en 2008), le Parti nationaliste basque (PNV) 3 et Amaiur 3.

En Espagne, le CIS prévoit une victoire de la droite (PP) à la majorité absolue (190-195 députés), alors que le PSOE enregistrerait le score le plus bas de son histoire (116-121 sièges).

Selon un sondage publié dimanche par le quotidien El Pais, le PP l'emporterait avec 45,3% des voix contre 30,3% aux socialistes. Une autre enquête, publiée le même jour par le quotidien El Mundo donnait 47,7% au PP et 31% au PSOE.