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Polémique

Pays Basque : Batera et le Conseil de développement ripostent à Valls

Rédaction

31/10/2012

Le Conseil de développement du Pays Basque et Batera ont manifesté, eux aussi, leur incompréhension et inquiétude suite aux déclarations de Manuel Valls sur la collectivité basque.

Jean-Baptiste Etcheto, président du Conseil de développement. Photo: EITB

Les propos du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, fermant la porte au débat sur la création d'une collectivité spécifique du Pays Basque, continuent de faire des vagues.

Après les nombreuses réactions d'indignation de ce lundi, c'est le tour au Conseil de développement du Pays Basque et à la plate-forme citoyenne Batera de manifester leur incompréhension et leur inquiétude suite aux déclarations du ministre. Plusieurs élus du Parti socialiste ont adressé une lettre ouverte au ministre.

Conseil de développement

Selon le président du Conseil de développement, Jean-Baptiste Etcheto, la posture de Manuel Valls apparait "en complet décalage" avec l'attitude "ouverte et constructive" de la ministre de la Réforme de l'Etat et de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, qui avait reçu début octobre une délégation d'élus basques. "Elle dénote également avec la proposition du Président du Sénat, qui invite les acteurs locaux à faire preuve d'audace dans l'organisation institutionnelle des territoires," a-t-il ajouté.

Vu le large consensus existant au Pays Basque autour du besoin de créer une collectivité territoriale Pays Basque, "les centaines de chefs d'entreprise, syndicalistes, enseignants, chercheurs, représentants de la culture et des chambres consulaires, dont la CCI, méritent le respect," a souligné Jean-Baptiste Etcheto.

Les travaux qu'ils ont menés depuis plus de 20 ans "démontrent la maturité des décideurs locaux, réunis dans le seul objet d'un projet collectif efficace, rassembleur, créateur d'apaisement. Considérer le contraire, porte les germes d'une radicalité que nous réprouvons collectivement," a conclu le président du Conseil du développement avant d'assurer l'ensemble de ses membres de sa "totale détermination à la poursuite de son soutien au Conseil des élus pour les prochains rendez-vous de l'acte III de la décentralisation".

Batera

La plateforme Batera, qui rassemble des secteurs larges de la société autour de la revendication d'une Collectivité Territoriale Pays Basque, a également réagi aux propos du ministre.

Les propos tenus par Manuel Valls ne sont pas seulement "en totale contradiction" avec la position de Marylise Lebranchu, mais paraissent aussi "totalement irresponsables", selon Batera.

"Nous déplorons le fait que le ministre de l'intérieur utilise le contexte d'une arrestation liée à ETA, pour fermer la porte à toute avancée sur le terrain de la reconnaissance institutionnelle. Profiter d'une arrestation pour masquer l'absence du moindre argument sensé contre la demande de Collectivité territoriale pour le Pays Basque est tout simplement pitoyable," a dénoncé Batera.

Ce "mépris faisant fi du débat démocratique en cours, est-il une position personnelle de M.Valls ou celle du gouvernement?" se demande Batera. "Où se décide aujourd'hui la politique de l'Etat français vis-à-vis du Pays Basque nord : à Paris ou à Madrid?". Batera demande au gouvernement français des éclaircissements.

Les socialistes basques

Plusieurs élus PS du Pays Basque - Sylviane Alaux, Colette Capdevielle, Frédérique Espagnac, Marie-Christine Aragon, Kotte Ecenarro, François Maitia et Christophe Martin - ont adressé une lettre ouverte à M. Valls. Les élus dénoncent, entre autres, l'amalgame entre la demande de la collectivité territoriale Pays Basque et l'ETA.

"ETA n’est pas le Pays Basque. ETA n'est pas la représentation nationale. ETA n'est pas le législateur qui doit examiner le projet de loi de Décentralisation porté par Madame la Ministre Lebranchu. ETA n’a pas autorité pour négocier des modalités de création d’une collectivité territoriale ou d’un département avec les instances de la République. Ce n’est pas à ETA qu’il convient de s’adresser en la matière," écrivent-ils.

Les élus PS ont invité M. Valls "à découvrir les réalités" du Pays Basque, "à venir prendre la mesure" de ses propos "dans le Pays Basque français, de ce côté de la frontière".

Europe Écologie Les Verts

EELV du Pays Basque a également condamné ce mardi les déclarations de Manuel Valls. Ils considèrent "particulièrement indigne d'un ministre de la République, l'amalgame pratiqué par Manuel Valls entre population et élus du Pays Basque "de France" et l'ETA".

"Monsieur Valls ferait mieux de venir en Pays Basque constater par lui-même l'état d'un débat ouvert il y a plusieurs décennies et tranché en faveur d'une institution spécifique pour le Pays Basque par la majorité de la population et 80 % des élus," soulignent-ils.

R&PS

La Fédération des partis politiques régionalistes et autonomistes R&PS a également dénoncé l'amalgame et a exigé une clarification. "La question basque ne peut pas, à l’instar du Ministère de l’Intérieur, être traitée avec autant de légèreté et d’amateurisme," esitme-t-elle dans un communiqué.

"La revendication basque est démocratique et pacifiste. Elle s'inscrit au Sud comme au Nord dans le respect des cadres institutionnels. Il faut que la France tienne compte de cette aspiration et que dans la future loi de décentralisation, une place soit faite pour une reconnaissance officielle de la réalité basque au Nord des Pyrénées. Il en va du respect de la démocratie et de la consolidation du processus de paix," souligne-t-elle.

À lire aussi: "Manuel Valls ne veut pas de débat sur la collectivité basque" & "Vague d'indignation après les propos de Valls".

Et cet entretien-vidéo avec Manuel Valls sur la Catalogne et le Pays Basque réalisé par Jean-Sébastien Mora à l'époque où Manuel Valls n'était pas encore ministre...