Manifestation à Bayonne pour les prisonniers et la paix au Pays Basque

Plusieurs milliers de personnes sont attendues samedi dans les rues de Bayonne pour manifester leur soutien en faveur des droits des prisonniers et du processus de paix au Pays Basque. La manifestation débutera à 15h30, Place des basques.

Annoncée depuis longtemps, bien avant les déclarations polémiques de Manuel Valls et l'arrestation contestée d'Aurore Martin, la manifestation est déjà un succès par le nombre et la diversité de soutiens qu'elle a reçus. Plus de 150 élus, toutes tendances confondues, le biltzar des maires, de nombreux syndicats, partis politiques et collectifs ont appelé à participer à la manifestation.

"Jamais la question des prisonniers basques n'avait provoqué pareil mouvement de solidarité", a déclaré Emilie Martin, soeur d'Aurore Martin et porte-parole d'Herrira.

"Les élus du pays basque nord (...) travaillent en bonne intelligence au service de cette résolution du conflit. Parfois, pour certains d'entre eux, en supportant des contradictions internes importantes vis-à-vis de leur propre parti au niveau national français," a-t-elle dit. "Ces élus disent combien le règlement de la question des prisonniers et des réfugiés semble être un incontournable, un passage obligé, dans le processus de paix en cours," a-t-elle ajouté.

Les revendications concernant les prisonniers "ne sont que des demandes liées à la simple application du droit actuel," a indiqué la porte-parole d'Herrira. "Point besoin de légiférer ou de créer de nouvelles dépenses publiques ; nous ne demandons à l'Etat français et espagnol que de respecter leurs propres lois!".

Selon Herrira, quelque 136 prisonniers basques sont actuellement en détention en France et 469 en Espagne. La plupart de ces militants sontretenus à plusieurs centaines de kilomètres de leurs foyers. Fin octobre, le barreau des avocats de Bayonne a adopté une motion réclamant la fin de la politique d'éloignement et de dispersion des détenus.

La manifestation sera également l'occasion d'indiquer aux "matamores de Paris que la ligne rouge a été franchie et que la population du Pays Basque poursuivra dans la voie du processus de paix," a estimé pour sa part Gabi Mouesca, ancien président de l'Observatoire international des prisons, en faisant allusion aux déclarations de Manuel Valls et à l'affaire Aurore Martin.

"Les récentes déclarations du ministre de l'Intérieur Manuel Valls qui tiennent de l'irresponsabilité la plus dramatique, ainsi que les derniers développements de l'affaire Aurore Martin ont contribué à l'évidence à une prise de conscience du déficit démocratique touchant le Pays Basque," a-t-il estimé.

Le collectif Herrira a fait part aussi de son inquiétude concernant les milliers de manifestants en provenance du Pays Basque sud. "Après l'atteinte au droit fondamental qui est la liberté d'expression -avec le cas Aurore martin- , nous craignons que se soit la liberté de circulation qui soit flouée et que les milliers de personnes venant d'Hegoalde [Pays Basque sud, ndlr] ne puissent passer la frontière". Quelque 60 autocars en provenance du Pays basque sud sont attendus.