Éducation
L'enseignement en langue basque menacé, les ikastola se mobilisent
Rédaction
02/02/2013
La fédération des ikastola Seaska appelle à la mobilisation. Une première manifestation a eu lieu ce samedi 2 février à Hendaye.
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Du plan de refondation de l'école de Vincent Peillon au projet de réforme de l'éducation annoncé par le gouvernement espagnol, en passant par la polémique suscitée par un courrier du sous-préfet de Bayonne sur le financement des ikastola du Pays Basque nord, l'enseignement en langue basque se sent menacé. La fédération des ikastola Seaska appelle à la mobilisation. Une première manifestation a eu lieu ce samedi 2 février à Hendaye.
La lettre envoyée par le nouveau sous-préfet de Bayonne, Patrick Dallennes, au maire d'Hendaye, Jean-Baptiste Sallaberry, sur le financement des ikastola a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Dans son courrier, le sous-préfet a averti que "les subventions d'investissement ainsi que les mises à disposition de locaux du domaine public sont strictement interdites", évoquant la loi Falloux de 1850. "Votre collectivité ne saurait prendre en charge aucune dépense d'investissement destinée à la mise à disposition d'une Ikastola,"a-t-il dit.
Le véto du sous-préfet ne concerne pas seulement le projet d'agrandissement de l'ikastola hendayaise, dans les cartons depuis 2007. Bien que le sous-préfet ait assuré que rien ne serait entrepris contre les ikastola déjà existantes (25 ikastola sur un total de 30 se trouvent dans des bâtiments publics, avec plus de 3.000 élèves), l'exécution de la loi Falloux mettrait en danger l'avenir des ikastola. Les nouveaux projets risquent d'être bloqués, alors que presque toutes les ikastola ont des projets d'agrandissement.
"Si le projet d'Hendaia n'aboutit pas, ce sont tous les projets qui suivront qui en pâtiront," estime l'ikastola d'Hendaye.
>> Lire : Le réseau des ikastola du Pays Basque nord mis en danger
L'avertissement du sous-préfet n'est pas la seule menace qui plane sur l'enseignement en langue basque au Pays Basque nord. Le projet de loi sur la refondation de l'école publique de Vincent Peillon ne comprend aucune référence aux langues "régionales".
"Ne pas citer les langues régionales serait les exclure de fait, et ainsi condamner leur enseignement dans les académies où celui-ci est mal, voire pas du tout, organisé," a estimé ce jeudi Robert Navarro, sénateur PS de l'Hérault. Selon lui, l'"oubli" des langues "régionales" dans le projet de loi sur la refondation de l'école "va donner lieu à une bataille parlementaire qui aurait dû être évitée, tant ce clivage est dépassé: les langues régionales ne sont plus une menace pour la République".
Interpellé par de nombreuses associations et députés sur cette absence de mention, le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon, a annoncé cette semaine ses "trois orientations" concernant les langues "régionales".
>> Lire : Langues "régionales": Vincent Peillon annonce ses "trois orientations"
>> Lire : Quand la "refondation" de l'école ignore les langues "régionales"
De l'autre côté de la Bidasoa, c'est surtout le projet de réforme de l'éducation annoncé par le gouvernement de Mariano Rajoy qui inquiète fortement les ikastola du Pays Basque sud. Bien que l'éducation soit une compétence de la Communauté autonome d'Euskadi, le gouvernement espagnol souhaite renforcer son contrôle sur le contenu des programmes scolaires dans le cursus obligatoire.
L'association des ikastola, Ikastolen Elkartea, représentant plus de 50.000 élèves et 4.000 enseignants, a demandé au nouveau gouvernement basque de réformer de façon "urgente" la législation sur l'éducation en Euskadi pour faire face à la réforme de Madrid. Elle réclame, entre autres, une modification du système de financement.
Pour le Conseil des organismes sociaux de la langue basque Kontseilua, regroupant une cinquantaine d'associations, "le temps est venu de blinder tous les projets construits dans l'enseignement" et de "répondre avec détermination à l'offensive que nous subissons ces derniers jours dans le secteur éducatif".
C'est pour cela que Kontseilua, mais aussi les syndicats ELA et LAB, les mouvements politiques Ezker Abertzalea, Eusko Alkartasuna, Aralar, Alternatiba, Abertzaleen Batasuna, le Parti nationaliste basque, ou le collectif Batera, entre autres, ont soutenu la manifestation organisée par Seaska ce samedi à Hendaye. Une manifestation en faveur des ikastola, ces établissements tellement indispensables pour la survie de la langue basque, surtout au Pays Basque nord où la langue basque ne jouit toujours pas d'un statut officiel.
D'autres mobilisations suivront la semaine prochaine. Ainsi, le mercredi 6 février, un rassemblement aura lieu place des Basques à Bayonne à 15 heures.