Matières dangereuses
Nitrate d'ammonium : un ''Non unanime'' des élus du port de Bayonne
Rédaction
eitb.com
10/01/2011
Réunis ce lundi matin à la sous-Préfecture, les maires de Bayonne, Anglet, Tarnos et Boucau ont opposé un refus unanime de ce projet portuaire, "des avis réservés", estime la Préfecture.
Le projet du Port de Bayonne de recevoir du nitrate d''ammonium de la société Yara, du bassin de Lacq (Pyrénées Atlantiques), a du plomb dans l''aile, depuis que, ce lundi matin, les quatre municipalités de la zone industrielle aient adressé "un non unanime, sans même s''être concerté", a commenté Marie-José Espiaube, Maire de Boucau, qui estime "impossible" que ce dossier puisse aboutir.
Présents avec l''élue boucalaise à la sous-Préfecture de Bayonne, Jean Grenet, pour la Ville de Bayonne et l''Agglomération Côte Basque Adour, et Jean Espilondo, pour la Ville d''Anglet, ont opposé un même avis défavorable au projet présenté par l''industriel, l''élu angloy ayant communiqué par voie de presse que "trop de questions restent en suspend".
Pour sa part, le Maire de Tarnos, Jean-Marc Lespade, a "tenu à ne pas se présenter" à cette réunion entre toutes les parties concernées telle que proposée par le Préfet François Xavier Ceccaldi, dénonçant "des décisions unilatérales prises par l''Etat sans concertation d''aucune sorte, l''absence d''information et de transparence qui entoure ce projet lourd de conséquences, ainsi que le non-respect des élus locaux et de la population".
La Région Aquitaine, propriétaire du Port et représentée ce matin par son Vice-Président Bernard Uthurry, n''a pas encore fait connaitre sa décision.
Le concessionnaire de la zone portuaire, à savoir la Chambre de Commerce et d''Industrie de Bayonne, et l''inspecteur de la DREAL (ex-DRIRE), Michel Amiel,&' || 'nbsp; avaient pourtant convaincu la direction de Yara France que le dossier était "techniquement bouclé", sans parvenir à le démontrer ce lundi matin aux élus présents.
Suite à cette entrevue, le Préfet a déterminé un délai à sursoir jusqu''au mois d''avril 2011, "après les Cantonales", a-t-il proposé.
Mme Espiaube s''en féliciterait presque : "cela nous laissera le temps d''alerter la population", réagit-elle.
Le nitrate d''ammonium, ou le N de TNT
Le projet présenté par l''industriel vise à destiner au Port de Bayonne des chargements de nitrate d''ammonium technique (NAT), à raison de 3.000 tonnes par bateau (et 5 à 12 bateaux par an), soit, à chaque chargement, 10 fois la quantité stockée à l''usine AZF de Toulouse, où cet engrais azoté avait provoqué la plus grande tragédie industrielle de la France.
Le groupe norvégien Yara entendait ainsi gagner "350 kms ferroviaires" en privilégiant Bayonne et la façade atlantique plutôt que Port la Nouvelle en Méditerranée, ce qui représentait pour lui une économie annuelle de 300.000 euros.
Pour rappel, ce groupe est membre du bureau national de l''Union des Industries de la Fertilisation (UNIFA), aux côtés du groupe Roullier, propriétaire du site Agriva de Tarnos et Fertiladour du Boucau dans le Port de Bayonne.
La Préfecture veut "se donner le temps d''étudier la faisabilité du dossier"
Pour le Sous-Fréfet de Bayonne, Laurent Nuñez, le délai à sursoir de trois 3 mois permettra "d''étudier les mesures prises et la faisabilité du projet", réagit-il, estimant avoir entendu ce lundi matin "des avis réservés, voire très réservés, sans que le mot défavorable n''ait été porté par les élus présents".
Dans la mesure où les vérifications techniques et légales du dossier seront probantes, "la décision d''autoriser ou pas cette exploitation appartiendra à l''pérateur, la CCI de Bayonne dans ce cas", prévient-il.
"En toute éventualité, nous ferons peut-être un test grandeur nature sur le port pour vérifier la capacité de la société Yara à répondre aux exigences déterminées", conclut-il.
Boucau : "pas d''accord avec ce projet"
Pour Marie-José Espiaube, il n''est "pas possible de voir les élus de la zone ne pas être associés aux réunions préparatoires", telles qu''elles ont eu lieu les 29 septembre 2009 et 5 octobre 2010 en sous-Préfecture de Bayonne, comme nous l''indiquions dans notre article du 6 janvier dernier.
La première élue n''est absolument pas rassurée par la traversée dans sa commune d''un tel chargement, "que cela soit en repensant à l''attentat à l''explosif que nous avions subi en 2006" ou "dans le cas où une tempête empêcherait le bateau de repartir avec sa cargaison".
Sa décision est prise, et ne sera pas modifiée par le souhait du Préfet de reprendre le dossier en avril prochain : "nous ne sommes pas d''accord avec ce projet".
Tarnos : "une méthode cavalière"
C''est avec une virulence certaine que Jean-Marc Lespade a pointé une "méthode cavalière de l''Etat" privant les élus d''avoir "un droit de regard dans ce type de projet".
Revendiquant "une vision dynamique du développement économique de la zone industrialo-portuaire", le maire déplore avoir eu connaissance de ce projet "qu''au cours du dernier conseil portuaire du 25 novembre 2010 alors que celui-ci est étudié depuis près d''un an et demi".
"Si les inquiétudes suscitées par le projet se confirmaient, je me réserve le droit de m''en exprimer publiquement et d''user de tous les moyens à ma disposition pour empêcher qu''il n''aboutisse", conclut-il sa lettre envoyée au Préfet, qui l''avertissait de son refus de participer à la réunion de ce lundi matin.
Anglet : "trop de questions en suspend"
Après avoir manifesté "sa vigilance et son extrême réserve", Jean Espilondo estime ne pas avoir reçu les réponses à ses questions sur la sécurité et l''impact environnemental du projet.
Ainsi, la prise de décision est "suspendue à l’obtention d’informations précises de nature à rassurer" l''élu, à savoir en particulier les risques d’accidentologie routière et ferroviaire et les risques d’ "effet domino" en cas d’explosion.
En conséquence de quoi, "l’avis de la municipalité est défavorable", une position que le Maire d''Anglet demande au Préfet de "prendre en compte dans la décision finale qui lui reviendra".
Bayonne : un avis défavorable
Son Directeur de Cabinet, joint cet après-midi, confirme "l''avis défavorable" apporté par le député-maire Jean Grenet, "au nom de Bayonne mais également en tant que Président de l''Agglomération Côte Basque Adour", précise-t-il;