Observatoire des voies
LGV Pays Basque : les sons de cloche différents virent à la cacophonie
Rédaction
eitb.com
03/09/2011
Un Observatoire de la saturation des voies actuelles a été annoncé ce vendredi à Bayonne, quand les questions actuellement posées n'obtiennent toujours pas de réponse. Les opposants restent mobilisés.
Les représentants du gouvernement et les défenseurs du projet de LGV en Pays Basque nord ont beau multiplié les effets d'annonces sur ce projet d'infrastructure ferroviaire de Bayonne au Pays Basque sud, rien de très clair ne ressort au final de l'ensemble, qui manque encore d'un minimum de transparence.
Après que deux Ministres (Michèle Alliot Marie et Bruno Lemaire) aient fait connaître leurs doutes, voire leurs oppositions, à une trouée de 40 kms dans le Pays Basque nord, que le rapporteur de l'UMP à la Commission des Finances, Hervé Mariton, ait tiré le signal d'alarme vis à vis d'une "LGV de trop", une phase de temporisation a donc été officiellement engagée, qui semble avoir pour but de montrer la volonté de l'Etat et de son opérateur ferroviaire, Réseau Ferré de France, de vouloir "donner du temps au temps".
Ainsi, mercredi dernier, Thierry Mariani, le ministre chargé des Transports, a reçu la députée Michèle Alliot-Marie, les présidents des Communautés de communes Michel Hiriart (Sud Pays Basque), Paul Baudry (Errobi) et Roland Hirigoyen (Nive-Adour), pour leur déclarer que "les travaux pour une nouvelle ligne ne seront réalisés tant que le réseau ferroviaire ne sera pas saturé".
Les sondages des terrains repoussés jusqu'en 2013
Clé de voûte du projet, la date hypothétique de cette saturation ne cesse pourtant d'être reculée, à 2010, puis 2020, et désormais 2035, suite à la publication d'une étude ministérielle.
Dans ce contexte, la phase des sondages, qui avait nourri une vive opposition des riverains des territoires concernés par le fuseau, sera donc "interrompus jusq'uà au moins 2013", assura Thierry Mariani.
Une déclaration aussitôt commentée par le Président du Conseil Régional d'Aquitaine, Alain Rousset, et interprétée comme un délai pour trouver "le meilleur tracé possible en prenant en compte au mieux les contraintes humaines, environnementales, techniques et financières", mais qui ne signifierait absolument pas un recul du projet auquel le premier élu d'Aquitaine tient fermement.
Ce vendredi matin en sous-Préfecture de Bayonne, le Préfet, accompagné du Directeur RFF du tronçon Sud Ouest, Christian Maudet, ont tous deux confirmé que la phase de sondages serait bien gelée jusqu'en 2013. Mais sans s'engager sur le terrain délicat de la remis en question globale du projet.
La réponse faite par le Préfet, François-Xavier Ceccaldi, sur le fait que de toute façon, rien ne prouverait l'utilité de sondages de terrains pour consolider le projet, en vue de l'enquête publique prévue à l'automne 2013, n'est pas en mesure également de clarifier le débat.
Création d'un Observatoire des voies actuelles
Un Observatoire de la saturation des voies actuelles, proposé par l'Etat, ne peut être un acte constructif s'il n'est adossé à l'obligation de transparence des informations, comme par exemple la réalité officielle du fret observé au poste frontière d'Hendaye, une donnée tenue au secret par l’observatoire franco-espagnol sur les transports depuis plus de cinq ans, tout comme les trafics marchandises SNCF par son opérateur RFF depuis 2006.
Présent à la sous-Préfecture, le silence de Christian Maudet de RFF sur ces points de clarification - et son éventuelle intervention sur le caractère officiellement exagéré de ses prévisions précédentes - est en soi la réponse qu'attendait logiquement le collectif des opposants au projet, regroupé au sein du CADE.
Les anti-LGV restent mobilisés
Par communiqué de presse, son porte-parole Victor Pachon estimait avant la réunion qu'il s'agissait "d'une annonce qui ne change pas grand-chose".
"Les associations ont donc eu raison de s’opposer à ces sondages. Cependant, l’enquête publique est maintenue aux dates prévues et le projet n’est pas arrêté pour autant", a-t-il prévenu.
Regrettant l'absence totale de transparence sur les données de transports de marchandises, le CADE estime donc que "si ces pratiques perdurent, outre une perte totale de la confiance des populations, l’observatoire ne sera qu’un artifice".
Et d'appeler la population concernée au Pays Basque et dans les autres départements concernés par des projets LGV "à ne pas se démobiliser et à rester solidaires des autres lieux de contestation jusqu'à l'obtention de garanties sur la prise en compte de nos revendications", à savoir la modernisation des voies actuelles contre tout nouveau projet de LGV.