Voies à grande vitesse
Les pro-LGV "manifesteront" début 2012 contre le recul de l'Etat
Rédaction
eitb.com
26/12/2011
Après les élus partisans de nouvelles voies LGV au sud de Bordeaux, les acteurs socio-économiques appellent à une "journée de protestation" début 2012, motivée par la prudence de l'Etat.
La fin de l'année 2011 a fait monter la moutarde au nez des partisans de la LGV, qui n'ont visiblement pas prévu de cadeaux pour la Ministre de l'Environnement et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, après ses déclarations en clôture des Assises Ferroviaires du 16 décembre dernier.
Recevant une sérieuse mise en garde sur l'endettement endémique des opérateurs Réseau Ferré de France et SNCF, NKM avait appelé d'une part à la rénovation prioritaire des voies existantes contre le tout-LGV, et, d'autre part, à "une évaluation externe et indépendante des projets ferroviaires en cours", notamment ceux, très discutés, au sud de Bordeaux vers le Pays Basque sud et Toulouse.
Pour la président de la Chambre de Commerce de Bayonne, André Garetta, cette attitude de recul, ou d'éventuel abandon, est tout bonnement "une décision irresponsable", rejoignant ainsi avant lui le Président socialiste de la région Aquitaine Alain Rousset, appellant l'Etat à préserver le projet GPSO.
Tandis que les opposants à un projet "inutile et ruineux" trouvent dans les propos de la Ministre une orientation favorable, les principaux acteurs socio-économiques d'Aquitaine et de Midi Pyrénées ont annoncé "une journée d'actions" en début d'année 2012, probablement le 9 février, afin de marquer leur opposition à "une erreur stratégique".
"Dans 25 ans, les générations futures auront de toute façon à gérer le probleme de la nécessité d'une liaison à grande vitesse entre la France et l'Espagne", a ainsi défendu André Garetta sur les ondes de France Bleue ce lundi, sans pour autant apporter d'éléments convaincants quant à la résolution du problème qui, avant d'être idéologique, est tout d'abord financier.
Car le vide sans fond des caisses de l'Etat oblige celui-ci à une hiérarchisation de ses dépenses, scrutées sans indulgence par les agences de notation, grandes prêtresses de ce triple A si recherché.
Le calendrier annoncé ne permet pas de caler le lancement des deux tronçons Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye (1 milliard d'euros chacun), quand le financement de celui de Tours-Bordeaux a été arraché avec difficultés par la contribution importante des collectivités d'Aquitaine, d'Agen à Bayonne, et de Pau à la Cité rose.
Avec 79 millions d'euros engagés sur Tours -Bordeaux, le Conseil Général des Pyrénées Atlantiques ressent également avec beaucoup d'inquiétudes le manque total d'engagements de l'Etat sur une réciprocité financière sur son tronçon basque ou béarnais.
Le chéquier ne servira plus, a menacé le socialiste Georges Labazée par une lettre envoyée au Premier Ministre François Fillon, comme l'avait fait avant lui le Président socialiste de la Région Midi-Pyrénées.
L'offensive des pro-LGV avait été anticipée par leurs opposants dès l'annonce des conclusions des Assises Ferroviaires, le 16 décembre dernier, et il faudra donc sans doute s'attendre à une contre- "manifestation" lors de la journée de protestation annoncée.
Pendant ce temps, au Pays Basque sud, où le projet de la LGV resterait un objectif prioritaire pour la communauté autonome d'Euskadi et pour Madrid, le constant n'est guère différent.
Si la construction a déjà débuté, en particulier sur le tronçon Bilbao-Vitoria, la question de la mobilisation financière sur 5,3 milliards d'euros (même soutenue par la volonté européenne) doit faire face à la réalité d'une économie immobilisée et de liquidités qui manquent sérieusement.