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Lignes à grande vitesse

LGV : NKM met de l'eau dans son vin, les anti-LGV en alerte

Rédaction

02/01/2012

Nathalie Kosciusko-Morizet a voulu rassurer les pro-LGV sur les intentions de l'Etat sur les lignes à grande vitesse, tout en soulignant que l'on "ne fera pas une LGV contre la volonté des élus".

Nathalie Kosciusko-Morizet

La ministre en charge des transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, a voulu rassurer les pro-LGV sur les intentions de l'Etat sur les lignes à grande vitesse en Aquitaine, y compris celle en Pays Basque nord, après ses propos tenus à la mi-décembre à l'occasion des Assises ferroviaires.

Dans un entretien publié ce lundi par le "Sud Ouest", la ministre a assuré que le Grand Projet Sud Ouest "n'est pas remis en question" et que l'Etat respectera les engagements de calendriers pour les branches Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Hendaye et Poitiers-Limoges.

Recevant une sérieuse mise en garde sur l'endettement endémique des opérateurs Réseau Ferré de France et SNCF, NKM avait appelé à la mi-décembre d'une part à la rénovation prioritaire des voies existantes contre le tout-LGV, et, d'autre part, à "une évaluation externe et indépendante des projets ferroviaires en cours", notamment ceux, très discutés, au sud de Bordeaux vers le Pays Basque sud et Toulouse.

Interrogée sur la nécessité d'aller jusqu'à Hendaye et sur la création d'un observatoire indépendant des trafics qui pourrait différer la construction de la ligne Bayonne-Hendaye, la ministre a répondu qu'ils doivent "mener toutes les concertations avec les habitants" et  "dissiper les inquiétudes".

"Sur la question de la ligne nouvelle entre ces deux villes, j'ai choisi un nouveau mode de gouvernance. Les procédures environnementales nous y invitent, et nous cherchons des cofinancements," a-t-elle précisé. Et de souligner: "On ne fera pas une LGV contre la volonté des élus".

La ministre ne veut pas renoncer à la liaison avec le réseau à grande vitesse espagnol, "qui est un engagement du gouvernement", mais elle "cherche les voies et les moyens modernes d'un accord local".

Réactions des collectifs anti-LGV du Pays Basque

La réaction des anti-LGV du Pays Basque ne s'est pas fait attendre. "Nous avions dit après les déclarations de NKM suivant les assises du ferroviaire que ce n'était qu'un coup de butoir supplémentaire mais qu'il y aurait des réactions des lobbys proLGV," a réagi Victor Pachon, porte-parole du CADE.

Bien que la ministre revienne en partie sur ses propos, il restera toujours les conclusions des Assises du ferroviaire, estime Victor Pachon, des conclusions "qui s'ajoutent à tant d'autres signaux, de la cour des comptes, jusqu'au rapport parlementaire Mariton, en passant par les révisions à la baisse des taux de croissance".

"Nous considérons que l'édifice LGV continue de se lézarder et que face aux petits pas en avant et en arrière, seule notre mobilisation sera la garantie d'une victoire," ajoute M. Pachon.

Pour l'association le Cercle de Burrunz, la nouvelle volte-face de la ministre illustre la gestion erratique du dossier par le gouvernement. En affirmant aller jusqu'au bout du GPSO pour la seule raison qu'il s'agit d'un "coup parti", la ministre ne prend pas ses responsabilités, estime l'association.

Le Cercle de Burrunz critique la distinction établie par la ministre entre les "coups partis", c'est-à-dire les projets ferroviaires qui ne seront pas remis en cause (parmi lesquels elle inclut les GPSO), et les autres projets qui feront quant à eux l'objet d'une évaluation économique puis d'une hiérarchisation.

"A partir de quand un "coup » est-il considéré comme "parti"?", s'interroge le Cercle de Burrunz. Avant de rajouter: "Le fait qu'un "coup" soit "parti" justifie-t-il qu'on n'évalue pas son utilité économique? S'il s'agit d'un mauvais "coup", n'est-il pas de la responsabilité d'un gouvernement de l'arrêter?".

Pour le Cercle de Burrunz, ce mode de gestion erratique "n'est pas à la hauteur d'une politique d'équipement digne de ce nom, qui doit concilier une vision et des contraintes évolutives, notamment économiques et financières".