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Documentaire

Vu du Pays Basque, "Notre terre notre avenir" est un combat universel

Rédaction

20/03/2012

Le documentaire "Gure Lurra, gure etorkizuna" ("notre terre notre futur") présente comme indispensable une réflexion sur la capacité de chaque pays à obtenir les moyens de son autonomie alimentaire.

Présentation du documentaire Gure Lurra gure etorkizuna. Photo: Ramuntxo Garbisu

La souveraineté alimentaire est au coeur d'un documentaire, "Gure Lurra, gure etorkizuna" ("notre terre, notre futur"), réalisé au Pays Basque sud par l'ONG Bizilur et l'organisation paysanne EHNE Bizkaia, qui sera montré pour la première fois le mercredi 21 mars au Kafe Antzokia de Donostia/San Sebastian, et le vendredi 24 mars à Ainhice-Mongelos, au siège de l'association paysanne Euskal Herriko Laborantza Ganbara.

Fruit de 40 jours de tournage et de 80 entretiens avec des organisations paysannes de 24 pays différents, ce documentaire de 60 minutes présente comme indispensable une réflexion sur la capacité de chaque pays à obtenir les moyens de son autonomie alimentaire, par une défense d'un choix de société qui rapprocherait des paysans respectueux de la terre et des consommateurs-citoyens qui entendent peser sur les orientations politiques prises par "un petit cercle d'acteurs économiques".

"Un outil pédagogique", ont introduit les réalisateurs et parties prenantes présents en conférence de presse ce matin à Bayonne, qui fera l'objet de projections dans tout le Pays Basque ("en avril à Bayonne", espèrent-ils) et ont édité 7.000 copies DVDs du documentaire (sous-titrages en français, espagnol, basque, anglais et portugais).

"L'emprise capitaliste sur les terres agricoles ne peut pas être le seul choix pour notre futur", ont-ils déclaré, avant de revendiquer "une perception vue du Pays Basque" de tout ce que des modèles de supra-structures industrielles comme de nouvelles voies LGV induisent comme spoliations des terres et des ressources, et, partant de là, d'un capital commun.

La semaine dernière, le Président de la CCI de Bayonne estimait justement que la contestation paysanne contre la LGV devait faire l'objet d'un débat, "et ce n’est pas forcément en emmenant des ânes, des chèvres et de la paille devant la Chambre de commerce", en référence à une action de protestation menée le 9 février dernier.

"Je crois que cela serait intéressant qu'il puisse regarder ce documentaire", a commenté Pampi Sainte Marie d'EHLG, ses autres compagnons du Sud acquiesçant d'un "Baietz !!" ("bien sûr !") et de grands sourires.

 

 

La terre et l'avenir, "une problématique universelle"

Ses concepteurs sont partis de l'affirmation selon laquelle "la terre est à tout le monde, et pas uniquement à un cercle restreint de décideurs politiques ou économiques".

En cela, "chaque peuple doit défendre le droit à créer son pays et son autonomie alimentaire selon ses choix, ses moyens, et son environnement", et rappeler au spectateur/citoyen qu'il doit être acteur de ces décisions qui engagent le futur de la terre.

Partant des points de vues recueillis en Pays Basque, le documentaire nous embarque ensuite en Belgique, en Espagne et en France au contact d'organisations paysannes présentes dans le réseau de Via Campesina, mais également en Amérique Latine, du côté du Chiapas, du Honduras, de Guatemala, du Brésil et de l'Uruguay, puis aux Etats Unis.

"Chaque pays a des problématiques qui diffèrent sur la forme, mais pas tant que ça au niveau du fond", quand "le néo-libéralisme ne considère pas le local comme une ressource", préférant investir dans "une mondialisation qui assèche chacun des territoires traversés".

"La situation actuelle tend à agrandir la distance entre les paysans et les consommateurs, alors qu'ils ont besoin les uns des autres, et que, dans le futur, ils doivent ensemble créer un rapport de forces", qui, dans une partie du monde, doit amener à une grande vigilance sur la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) en Europe, ou des accords Etats-Unis/Amérique Latine ailleurs.

Un décorticage du monde "vu du Pays Basque", ont-ils rappelé, avec une sensibilité et une optique qui ont convaincu tous les intervenants rencontrés lors de la conception de ce documentaire, adossé à un budget de 60.000 euros.