Réunion publique
Les candidats aux législatives sur le même rail de la "Voie du Soufre"
Rédaction
04/06/2012
Lors d'une réunion publique, les principaux candidats au Pays Basque ont affiché une adhésion commune à la réhabilitation de cette voie industrielle sous-utilisée, comme alternative à la voiture.
Invités à l'initiative de la CGT Cheminots de Bayonne et Hendaye, la quasi-totalité des candidats aux législatives sur les 5ème et 6ème circonscriptions du Pays Basque (à l'exception notable de la liste centriste Adour par Coeur) ont répondu présents pour débattre en public de questions prioritaires sur le fret de marchandises et de voyageurs, samedi matin à Bayonne.
Face à un large spectre politique allant du Front de Gauche à Debout la République (avec la présence de représentants de l'Alternative Ecologique Indépendante, du Parti Pirate et de Michel Lamarque, candidat sans étiquette sur la 6ème), ont d'abord été évoquées tout autant les richesses des infrastructures existantes que les difficultés qu'un opérateur comme Novatrans vit actuellement.
Ont de fait été pointés du doigt la perte incessante de marché du fret, le non-report endémique du routier vers le train (avec un déséquilibre qui s'aggrave encore), et les aberrations des nouveaux horaires de circulation voyageurs entre Hendaye et Bordeaux, ou sur la ligne vers St Jean Pied de Port, comme l'a rappelé un membre du Collectif En Train Pays Basque (CETPB).
Ce diagnostic porté par la CGT Cheminots d'une "concurrence faussée et d'une information tronquée" n'a pas été contestée par les candidats députés, les partis EH Bai, EELV et divers gauche ayant pilonné en particulier les schémas financiers dits "partenariats public privé" dépeçant les premiers et enrichissant les seconds, quand les partis de droite classique opposaient plus prosaïquement le constat d'une dette publique exsangue.
S'étant rendu disponible en toute fin de réunion publique, le député sortant avalisé UMP, Maire de Bayonne et Président du syndicat du transport de l'Agglomération Côte Basque - Adour Jean Grenet aura accompagné brièvement cette rencontre par son adhésion à deux propositions-clés de la CGT Cheminots, à savoir la réflexion sur la mise en place d’un Office Public des Transports, ainsi que la conversion de la "Voie du Soufre" en nouveau moyen de desserte de l'agglomération Boucau-Bayonne-Anglet.
Cet Office des Transports pourrait ainsi réunir autour de la même table toutes les autorités organisatrices concernées (agglomération, département, Région, SNCF) afin d'envisager une meilleure cohérence du maillage du territoire désenclavant les zones mal ou peu desservies, ainsi qu'une continuité de transports sous la forme de billets uniques (quand chaque opérateur aujourd'hui édite le sien)
Un territoire qui aurait les délimitations souhaitées d'une nouvelle collectivité territoriale du Pays Basque nord selon les revendications de Laurence Hardouin pour EH Bai et Marie-Ange Thebaud pour EELV, mais qui devrait être aussi partagée avec le Sud des Landes pour la majorité des autres candidats.
Mais c'est bien sur la "Voie du Soufre" que l'unanimité des candidats présents aura marqué les esprits, sur la base d'une petite vidéo de présentation d'un nouveau moyen de locomotion qui pourrait desservir avec des TER les deux rives de l'Adour en en empruntant les rails industriels de fret de soufre, largement sous-utilisées aujourd'hui.
Sur la base d'affirmations par la CGT Cheminots d'une maitrise technique (mise à niveaux des tronçons et cadencements toutes les trente minutes en heures de pointe) mais également foncière du projet (installation de petits relais-haltes), ce réseau interurbain présenterait à l'évidence l'avantage de desservir tout autant des bassins d'emplois (zone portuaire, usine Dassault) et de grandes zones de chalandises (le Forum d'Anglet, Hôpital de Bayonne) que des accès aux grandes bases de stationnements (gare de Bayonne, parking de Glain à Bayonne, allées Marines, plages).
Si cette idée a séduit tout autant les candidats que la soixantaine de personnes présentes, cette balade inattendue dans un corridor en partie végétalisée pourrait bientôt être partagée par un nombre important d'usagers des transports collectifs de l'agglomération ACBA.
Aura également été rappelée que la notion de "métro basque" entre Bayonne et Donostia/San Sebastian, abandonnée peu de temps après son lancement il y a quelques années, est sans doute désormais une solution d'avenir, au vu de la flambée du pétrole et de sa raréfaction.